Confinement : Les professionnels portuaires de Dunkerque assurent le service

Protection des travailleurs portuaires et maintien des activités sont au cœur des préoccupations de la communauté du Grand port maritime de Dunkerque, où le retour des escales de navires en provenance de Chine est attendu d’ici trois semaines.

Dans le contexte d’épidémie de Covid-19 et de confinement, la priorité affichée par les différents acteurs du port de Dunkerque est la continuité de l’activité portuaire. L’Union maritime et commerciale (UMC), qui fédère les représentants des professionnels portuaires, affirme « participer activement avec ses membres à la continuité de l’activité du port » tout en contribuant à « la protection sanitaire tant des personnels que de la nation ». Quant à l’activité économique, les professions représentées par l’UMC « continuent, grâce à leur plan de continuité d’activité, de participer au passage de la marchandise et des navires dans le port et à l’acheminement des flux », indique l’association.

Pour son président, Hervé Gauducheau, c’est la seule position tenable pour ne pas mettre un coup d’arrêt à l’économie : « Le gouvernement ne cesse de le rappeler, les activités assurées par ces entreprises sont essentielles pour garantir notamment l’approvisionnement des Français et tout le monde y a sa part de responsabilité individuelle et collective. Certes, les conditions de travail sur le terrain peuvent sembler complexes, mais tout est fait pour qu’elles puissent se dérouler aussi bien que possible et dans des conditions d’hygiène et de sécurité acceptables. Il est crucial que les approvisionnements puissent se poursuivre pour écarter tout risque de pénurie ou de congestion qui entraîneraient des regroupements de consommateurs que personne ne souhaite actuellement. »

« Tant que le port fonctionne »

Du côté des entreprises de manutention, on affirme que les précautions sont prises pour que les salariés puissent continuer à travailler en toute sécurité. « Nous prenons les mesures nécessaires, ce qui est facilité par le fait que nous travaillons à l’air libre », explique Marc Riondel, directeur général du Terminal des Flandres. Le terminal à conteneurs ne subit pas pour l’instant les répercussions de l’épidémie de Covid-19 en France, souligne-t-il, mais celles de la situation qui prévalait en Chine depuis le début de la crise sanitaire : « Nous avons connu une baisse d’activité liée à l’arrêt de la production industrielle et de l’activité portuaire en Chine. Le Terminal des Flandres verra son flux de conteneurs repartir à la hausse d’ici trois semaines, puisque nous attendons à cette échéance l’arrivée de navires pleins de conteneurs en provenance de Chine. »

Le maintien de l’activité portuaire malgré la difficulté du contexte sanitaire est aussi confirmée par Xavier Dewynter, directeur du transitaire Lemaire SN : « C’est la pagaille, mais nous arrivons à assurer la continuité de l’activité grâce au télétravail. Sur le terrain, le pilotage, le lamanage, la manutention et la douane continuent à travailler. Tant que le port fonctionne, nous arriverons à nous organiser pour faire en sorte que l’activité continue. »

Manque de visibilité

Jérémie Bogaert, président de l’association des transporteurs usagers du port et dirigeant de l’entreprise de transport routier et logistique CNJ, rappelle que Dunkerque a absorbé, en décembre et janvier derniers, une partie de l’activité du Havre et de Marseille. « Il y a eu, pendant la grève, un report important des conteneurs à Dunkerque », explique-t-il. « Il y avait beaucoup de volumes à traiter sur les terminaux, avec des transporteurs havrais qui venaient y récupérer leurs boîtes. Nous n’avions pas augmenté notre chiffre d’affaires, mais avons eu davantage d’attente et de difficultés d’organisation. »

 Jérémie Bogaert affirme que tout est prêt pour continuer à travailler, à l’exception de la visibilité : « Des mesures ont été prises pour nous faciliter la tâche, avec par exemple l’autorisation pour nos camions de rouler le dimanche, quel que soit le type de marchandises. Mais cela reste une période compliquée pour tout le monde : nos partenaires étant en télétravail, l’information circule moins rapidement. On est dans le flou. Pourtant, il y a du fret, mais avec un tel manque de visibilité que les demandes des clients se font souvent du jour pour le lendemain. Certains entrepôts logistiques tournent au ralenti faute de personnel. Des clients mal informés nous envoient vers des dépôts fermés… Les départs de navires depuis la Chine ont repris depuis mi-mars. Nous allons donc avoir du travail, mais nous ignorons encore à quel niveau. Sur le port, il n’y a cependant aucune difficulté : les volumes étant en baisse, les moyens mis en place sont suffisants pour que les opérations se déroulent correctement. »